Coralie Cadene-Girod, responsable du patrimoine des costumes à l’Opéra de Paris
Comment devient-on responsable du patrimoine des costumes à l’Opéra de Paris ? De quelle façon pouvons-nous, plus largement, nous lancer dans le secteur de la culture ? Coralie Cadene-Girod nous répond en nous racontant son parcours atypique.
Bonjour Coralie, pouvez-vous me raconter votre parcours universitaire ?
Bonjour ! J’ai fait une licence d’arts plastiques à l’école supérieur des Beaux Arts à Bourges. Puis, j’ai suivi un cursus à Ecole du Louvre jusqu’à un Master 2 en histoire de l’art avec une spécialité régie des œuvres. J’ai su dès mon plus jeune âge que je voulais être au contact des œuvres et la mode m’a toujours intéressé.
Quels stages obligatoires avez-vous pu poursuivre lors de vos études ?
En Master 1, j’ai pu poursuivre un stage en régie des œuvres pour les collections Louis Vuitton. Puis, en Master 2, j’ai pu faire un stage de six mois au musée des arts décoratifs de Paris en conservation préventive. Ce stage s’est d’ailleurs très mal passé pour moi, mon tuteur a été compliqué et m’a très mal encadré. Cependant, cela a aussi été un stage très enrichissant, il s’articulait autour d’une exposition de mode qui avait du nécessiter un très gros chantier de restauration de robes. Ce chantier a été très particulier puisque massif, j’ai pu collaborer avec des restauratrices textiles, cela m’a apporté une immense connaissance des pratiques techniques de restauration.
En parallèle, je pourrais parler de l’emploi étudiant que j’ai pu effectuer pour le Palais Galliera. J’ai été agente d’accueil pour ce musée et j’ai pris mon courage à deux mains pour un jour aller demander du travail à l’une des conservatrices, cette dernière m’a alors donné la possibilité de répertorier tous les sacs de luxe. J’ai donc mené cette mission en parallèle de mes études.
Comment s’est articulé votre parcours professionnel par la suite ?
A la fin de mon M2, j’ai entamé la recherche de travail pendant un an, j’ai surtout envoyé des candidatures spontanées aux établissements qui me correspondaient le mieux, j’ai donc du trouver un métier alimentaire à côté.
J’ai fini par candidater pour un cabinet d’expertise de mode vintage pour des maison de ventes aux enchères. Le but était de renseigner les clients sur les costumes qui allaient être vendus. Seulement, je suis tombée sur des employeurs particuliers, j’ai posé ma démission au bout de quatre mois, l’ambiance de travail était difficile mais j’ai appris beaucoup.
J’ai alors décidé de monter ma propre boîte à 28 ans de courtière pour des clients étrangers. Mon rôle a été de trouver des œuvres, monter un argumentaire et une fiche technique en faveur de l’œuvre pour un client. Puis, je me rendais en salle de vente pour enchérir sur des costumes.
Par rapport à cette entreprise que vous avez monté, comment vous y êtes-vous prise ? Quels étaient les points positifs et négatifs ?
J’ai débuté cette société car j’ai identifié un besoin du côté des acheteurs, de par mon expérience précédente j’avais pu fidéliser des clients. Je savais donc que je commençai mon activité avec des clients d’office, je n’ai donc pas eu peur de me lancer.Ensuite, pour monter ma boîte, je me suis fait aider par des professionnels (comptables, gestionnaires).
Posséder sa propre boîte est très excitant, j’étais autonome et gérais mon organisation comme je le souhaitais. J’étais aussi tributaire des ventes que j’effectuais, selon les mois je pouvais donc toucher jusqu’à six mille euros. Mais il y avait aussi des mois où je ne touchais rien, c’est un point négatif l’instabilité d’avoir sa propre boîte. Mon autre point négatif était que la plupart de mes clients étaient américains, ils étaient très exigeants et avec le décalage horaire, je travaillais très tard. Je n’avais, de plus, pas droit à l’erreur puisque mes clients me confiait une somme dont j’avais la charge, je ne devais pas louper les ventes ou me tromper sur mes conseils.
Pendant 6/7 ans le marché de la mode a beaucoup évolué, le vent a tourné, la clientèle n’étais plus la même qu’avant et les collections n’avaient plus le même intérêt. J’ai donc décidé de mettre fin à mon activité.
Qu’avez-vous fait par la suite ?
J’ai candidaté pour l’Opéra de Paris en 2013, j’ai passé des entretiens et ait obtenu un CDD puis j’ai été embauché en 2015 au sein du patrimoine costume. Puis, j’ai gravis progressivement les échelons pour devenir directrice du patrimoine costume. Je précise que pour devenir directrice, j’ai du suivre en amont une formation de management de six mois car je me suis retrouvée à manager des personnes qui étaient initialement à la même place hiérarchique.
Mon rôle est de répertorier et de veiller à la bonne conservation et à la valorisation du patrimoine des costumes des deux Opéras de Paris (Bastille et Garnier). Les collections sont immenses et constituent un témoignage historique et artistique absolument immense, c’est un trésor qui se doit d’être préservé.
Quelles difficultés avez-vous rencontré lors de cette prise de fonctions ?
Je dirais que c’est de s’être retrouvée à travailler en équipe et à recevoir des ordres alors que j’étais avant seule. Ce n’était pas facile au début mais le service demandant une certaine autonomie, j’y ai trouvé mon compte. J’ai aussi eu besoin d’un temps d’adaptation car l’Opéra est une grosse entreprise avec une énorme administration, les démarches sont beaucoup plus longues et le fonctionnement hiérarchique est complexe.
Enfin, rétrospectivement, quels conseils donneriez-vous aux futurs employés de la culture ?
Je conseille à ces étudiants de faire preuve de beaucoup de curiosité et de développer une sensibilité artistique pour le domaine dans lequel ils souhaiteront travailler. Ayez aussi la curiosité de faire des sages dans des lieux différents, le public, le privé par exemple. N’hésitez pas à aller voir du côté de domaines connexes à la cultures auxquels on ne pense pas forcément.
N’ayez pas peur de faire des stages courts, toute expérience est bonne à prendre, cela permet de se faire des contacts un peu partout, il est d’ailleurs important de garder de bonnes relations avec ses anciens collègues.
Propos recueillis par Rosalie Mouzard
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